jeudi 20 août 2015

QUAND L'ECONOMIE SOLIDAIRE INTERPELLE L'ACTUALITE(source LE MIROIRSOCIAL.COM)


Au service de l’économie d’intérêt collectif

JUIN15
par Marcel Caballero Theme: Vie économique
Ses congrès internationaux sont autant d’étapes dans la mission que le CIRIEC poursuit depuis plus d’un siècle pour laPROMOTION de l’économie collective, par la recherche et l’information. La 31ème édition se tiendra à Reims, les 22 et 23 septembre 2016. Son thème : « Les politiques publiques face aux enjeux sociaux et démocratiques de la mondialisation. Quels défis pour l’économie publique, sociale et coopérative ? » sera abordé à partir des travaux de recherche des sections nationales.
Les travaux du CIRIEC ne sont pas, comme trop souvent la recherche, un exercice académique indifférent au contexte du moment. Chercheurs, mais aussi praticiens, dissèquent les tendances, mais aussi l’actualité, des politiques économiques et leurs conséquences. Ils prennent la température de l’économie mondiale confrontée à une faillite structurelle du système économique dominant que, par euphémisme, onCONTINUE d’appeler la « crise ». Ils constatent qu’à des degrés variables, la situation est partout la même : bien qu’annoncé à grands renforts de déclarations gouvernementales qui se veulent rassurantes, le bout du tunnel reste toujours invisible et l’angoisse du lendemain étreint les populations. Partout, les politiques de sauvetage mises en oeuvre vont au plus facile : imposer l’austérité aux plus faibles. Partout, la crise fournit le prétexte de renforcer, jusqu’à la caricature, l’ultra libéralisme, dont l’arrogance idéologique est à la mesure de l’échec. Et partout, hélas !, le responsable de nos malheurs est dénoncé et pourchassé : le bouc émissaire, qui a tant servi dans l’Histoire, l’autre, le différent, l’étranger.
Dans le même temps, les travaux de recherche du CIRIEC, démontrent que l’économie publique résiste mieux que ses contempteurs l’affirment, et que l’économie sociale progresse partout, dans ses formes anciennes, mais aussi en adoptant des modèles et des formes d’organisation novateurs. Ces entreprises résistent mieux aux à-coups de la conjoncture, maintiennent les emplois, en créent de nouveaux, mieux assurés de leur pérennité. Les systèmes de financement alternatifs se multiplient. De même les partenariats entre l’économie sociale et les collectivités territoriales. Certains gouvernements reconnaissent ces tendances, les encouragent et s’efforcent de les intégrer dans leur politique économique. Mais beaucoup reste à faire afin qu’elles contribuent à redessiner le paysage économique et social plus profondément et durablement que les mesures conjoncturelles incantatoires qui tiennent trop souvent lieu de politique économique. En effet, la bourrasque qui a balayé le monde, en septembre 2008, etCONTINUE de souffler, n’aura pas eu l’effet escompté par les adversaires du « tout marché ». Ils espéraient que la leçon aurait été comprise et que l’on en viendrait, enfin, à des comportements plus responsables. C’est ainsi qu’à l’ouverture du Congrès international du CIRIEC, qui se tenait à Séville quelques jours après le 15 septembre 2008, le Prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, appelait de ses voeux « une économie plus équilibrée, parce que plurielle, avec un secteur privé traditionnel, un secteur public efficace et une économie sociale en progression ». Il exprimait sa conviction que le 15 septembre avait « sonné la fin du fondamentalisme de marché, comme la chute du mur de Berlin celle du communisme bureaucratique». C’était pour l’économie d’intérêt collectif « une chance historique », notamment pour l’économie sociale dont « les potentialités de succès résidentDANS ses propres valeurs et pratiques, en particulier la gestion démocratique desENTREPRISES et leurs préoccupations sociales ».
Grande fut la déception lorsque, sitôt un semblant de calme revenu, la folle course au profit immédiat, le détricotage des acquis sociaux, la dérégulation à tout va ont repris comme devant. Ainsi, que sont devenues les promesses des dirigeants des banques françaises ? On en constate la traduction dans les bonus desTRADERS qui ont retrouvé leur niveau de 2005. Et que dire de la nouvelle envolée des rémunérations des dirigeants, toujours pas plafonnées, du maintien des privilèges fiscaux, de la poursuite des délocalisations, de l’accélération du démantèlement des services publics, … ?
Joseph Stiglitz péchait-il par excès d’optimisme ? La leçon de la crise a-t-elle été comprise par les responsables politiques ? Où en sommes-nous sept ans après ? Les signes de reprise, aux Etats-Unis et ailleurs annoncent-ils un retour à la « normale » ?
Le prochain Congrès international du CIRIEC tentera de répondre à ces interrogations et à quelques autres que l’actualité ne manquera pas de nous apporter en cette période de grande incertitude. Il le fera, comme d’habitude, avec la conviction que les solutions sont à rechercher dans la création ou le renforcement de systèmes économiques solidaires et démocratiques. Il mesurera l’écart entre les espoirs exprimés à Séville et sans cesse repris, de congrès en congrès, et l’état actuel du monde.
Au delà du constat, le Congrès devrait tracer de nouvelles perspectives, réalistes mais volontaires. Il aura atteint son but s’il apporte des réponses concrètes à son intitulé :« Les politiques publiques face aux enjeux sociaux et démocratiques de la mondialisation. Quels défis pour l’économie publique, sociale et coopérative ? ». Ses conclusions dessineront nos lignes d’action pour deux ans.
Et nous nous engageons à y prendre notre part.

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