lundi 29 juin 2015

ALGERIE : quand les religieux salafistes posent problèmes en algérie..dossier el watan week-end........et en France que fait-on ?....


ALGERIE : 

LES MOSQUEES SALAFISTES BLACK-LISTEES (EL WATAN MAG)..
...& QUAND EN EUROPE, USA & AUSTRALIE/NEW ZELAND.....

"selon des théologiens d ' "AL AZHAR", le salafisme est le nouveau cancer & leurre pseudo-religieux qui occuppe des Mosquées & les Neo-Salafistes font la guerre aux "mauvais" Musul mans"...."

......Selon les théologiens : "Les Mosquées vont connaître le temps de la REPRISE EN MAIN du rapport avec ALLAH...(ASSS) & la véritable parole du Prophète MOHAMMAD(ASSS).....qui doit être enseignée....& bânnire toute falsification........"..

..IL EST GRAND TEMPS.."
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Seuls les musulmans & les mères de famille pourront accomplir ce travail de dépollution en profondeur........

.....Nous les aiderons comme ils le voudront......
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"N. Oulebsir, S. Ouahib, H. Semane T elwatan_weekend Les 55 mosquées que le ministère des Affaires religieuses a classées comme «salafi stes» ne seraient que la partie immergée de l’iceberg. En 2011, une enquête des Renseignements généraux de la police a classé les mosquées des 48 wilayas selon les courants auxquels elles appartiennent. Elles seraient, selon les conclusions, 5% à suivre les préceptes des Frères musulmans, 10% sans orientation (les imams y sont d’abord des fonctionnaires), 20% à représenter le courant salafya «scientifi que», 20% à suivre le courant malékite nouveau, et 45% le courant malékite traditionnel. On les trouve surtout à l’est du pays, puis au centre et un peu à l’ouest. «On sait aussi qu’il existe dans certaines mosquées un courant ‘‘qutbi’’, qui s’inspire de l’idéologie de Sayed Qutb, ces partisans du djihad sont en fait l’aile salafi ste djihadiste, mais du côté des Frères musulmans, explique une source sécuritaire. On sait que ce sont des radicaux, mais ils ne le proclament pas offi ciellement parce qu’ils se savent surveillés.» Adda Fellahi, islamologue et ancien cadre des Affaires religieuses, s’interroge d’ailleurs sur le nombre de moquées évoquées par Mohamed Aïssa, lundi, au Forum de Liberté, et sa décision de sanctionner les imams en leur retirant leur autorisation d’exercice. «La directive du ministre concerne-t-elle seulement la capitale ? s’interroge-til. Pourquoi ne pas généraliser cela aux mosquées de tout le pays ? Ce n’est pas un secret, les salafi stes ont la main sur plusieurs mosquées à Blida, Boumerdès, El Oued, Constantine et Oran. Depuis quatre ans, je n’ai pas arrêté de tirer la sonnette d’alarme, mais personne ne voulait me prendre au sérieux. Aujourd’hui, la bataille sera diffi cile. Il fallait agir bien avant. L’Etat doit préserver sa souveraineté. La responsabilité est partagée.» La responsabilité, Belmokhi Lalaoui, chargé des relations avec la presse au parti Ennahda, en parle aussi. «Qui a introduit la mouvance salafi ste ? Certainement le pouvoir ! Le ministre des Affaires religieuses n’est qu’un commis de l’Etat. On malmène le rite malékite. Il faut qu’il y ait plus de transparence et de responsabilité. Le problème relève de la compétence du pouvoir en place, qui a déjà pris ce genre de décision sans jamais passer à l’acte. Malheureusement, on manipule les valeurs et la religion. Cela dénote de la faiblesse du pouvoir politique qui gère le pays.» Toujours selon une source sécuritaire, les Affaires religieuses mènent aussi leur enquête, mais leurs informations «sont moins précises, car les rapports se basent sur des considérations subjectives, essentiellement des réactions de comités de quartier ou des conseils des mosquées.» RÉCITANTS Le député MSP Naâman Laouar estime qu’il est «inacceptable» de «diviser la société en jugeant de ses composantes sur la base de leur obédience». «Ce qu’on demande, poursuit-il, c’est l’application de la loi dans tous les secteurs.» Youcef Khababa, député et chef du groupe parlementaire de l’Alliance verte, doute quant à lui du chiffre annoncé : «Je ne pense pas qu’il refl ète la réalité, puisque la quasi-majorité des mosquées sont encadrées aujourd’hui par des jeunes salafi stes. Le problème dont parle le ministre aujourd’hui est dû au cumul des années de mauvaise gestion de ce dossier et de la marginalisation des universitaires. On ne peut pas continuer avec des mosquées tenues par de simples récitants de Coran.» Le porte-parole d’El Islah, Akouchi Hamlaoui, trouve qu’il y aurait aussi beaucoup à redire sur la compétence des imams. «Le ministère ne peut certainement pas encadrer et combler le vide par des imams non compétents et non universitaires, s’emporte-t-il. Certains imams ne sont que des charlatans. Alors que la mosquée devrait être loin de toute connotation politique. A l’instar de l’école, il faut qu’elle soit le symbole de la stabilité. Mais je suis d’accord avec le ministre. Il faut respecter la référence religieuse de notre pays qui est le rite malékite. Le problème, c’est que ce secteur est abandonné.» ■ Par Adlène Meddi quoi ça sert de contrôler les mosquées si l’idéologie salafiste est propagée par des chaînes de télévison et des journaux privés à très grande audience ? C’est la question posée par des facebookers après les déclarations du ministre des Affaires religieuses. A quoi serviront les rapports des agents des RG ou du DRS qui campent devant les mosquées suspectées de répandre le discours de la haine quand on voit l’incapacité des autorités à faire face à la propagande qui a fait des morts à Ghardaïa ? Les politiques sécuritaires d’endiguement de la pensée extrémiste ont tout simplement échoué, car le pouvoir ne peut, structurellement, élaborer une stratégie claire, se contentant de réagir par à-coups quand il ne ferme pas tout simplement les yeux. Pourquoi ? Parce que l’enjeu religieux dépasse le seul cadre de la pratique ou de l’idéologie : à défaut de construire le lien d’appartenance nationale basée sur l’adhésion à l’Etat-nation légitimé, nous sommes restés sur les schémas mythiques de l’allégeance : la tribu, la région, la croyance. D’où l’impossibilité pour ce pouvoir d’appréhender la question religieuse de manière sereine, sacrifiant ainsi au passage l’apaisement de nos relations avec le culte. Les ambivalences dans la gestion de la chose religieuse ont eu des conséquences désastreuses, au point que le régime actuel ne sait plus dans quelle case se mettre : il est trop islamiste pour les laïcs, les démocrates, etc., mais il ne l’est pas assez pour les islamistes des partis ou du maquis terroriste ! Une situation schizophrénique née du refus des autorités de se fixer une politique claire et éclairée sur la religion, au lieu de provoquer des dérives ou de les tolérer, comme ce fut le cas récemment… ou du temps de Saci Laâmouri, ministre des Affaires religieuses qui lança, en plein enfer des années 1990 : «Pourquoi assassiner des policiers, ils ne sont pas communistes» ! Dérives aggravées par la non-capitalisation de l’affaiblissement du terrorisme islamiste et pour cause : le pouvoir n’a pas combattu l’islamisme armé, il a combattu le terrorisme. Point à la ligne. Le régime n’avait d’autre choix que de reconduire sa gestion approximative de la religion, à défaut de créer un consensus national sur les cendres des années 1990. Du coup, la société, livrée aux voix les plus rétrogrades, qui ont trouvé des échos dans des médias souvent proches du régime, se retrouve embarquée dans des débats anachroniques, nourrissant tensions et haines entre Algériens, afin, peut-être, de précipiter, par les violences à venir, l’effondrement de l’édifice national. Il ne suffit pas de surveiller une mosquée ou mille. Il s’agit de nous réconcilier avec nousmêmes, accepter l’autre et surtout éviter le scénario Daech auquel poussent les médias de la haine. 5Qu’en dites-vous ? HOUARI BACHIR “ Moi, quand je vais prier, je ne fais pas la différence entre les gens. Je vois mes voisins, mes amis et mes frères. L’ imam, qu’il soit salafiste où d’autre obédience cela ne me regarde pas. LATIF BOULARES “ C’est la faute de l’Etat, c’est lui qui a laissé les mosquées entre les mains des premiers venus. Je n’ai jamais vu un imam qui a fait de longues études, tous les imams sont des ignorants des questions de religion comme de société. KHALIL “ Il nous rendrait service en nous débarrassant de ces gens ! On n’a jamais vu l’argent de la zakat ! Ils ont un discours religieux alors que dans les faits, c’est des voleurs. Un homme qui se dit salafiste m’a escroqué de 700 000 DA ! Les internautes pas d’accord avec le ministre «Il faut mener une campagne pour pousser les autorités à faire marche arrière, ou carrément demander la démission du ministre». Le commentaire de Youcef, un lecteur, à un article sur la décision de Mohamed Aïssa de contrôler les mosquées salafi stes illustre l’état d’esprit général des lecteurs et des internautes. «Ils ne peuvent rien faire, car on suivra nos imams où qu’ils soient. De plus, les mosquées sont construites grâce à nos dons et on y met qui on veut, ce n’est pas à l’Etat de décider», écrit encore un lecteur. Fella commente aussi : «Ce ministre ne sait même pas que le hidjab est un devoir pour les femmes musulmanes. Comment voulez-vous qu’il sache ce qu’est le rite sunnite ? Il vaut mieux qu’il disparaisse de la scène politique !» Zakaria y voit une provocation : «Ils veulent une autre décennie noire !», écrit-il. «Via une telle décision, ce ministre a démontré qu’il n’est qu’un commis désigné par le calife Abdelaziz Boutefl ika, ce qui est désolant», souligne encore un internaute. Sofi a Ouahib Anachronique Selon le rapport des RG, on trouverait au sein des mosquées algériennes au moins quatre courants différents PHOTO : AFP Hanane Semane 7 jours 5 El Watan Week-end Vendredi 26 juin 2015 El Watan Week-end s’est procuré la liste, par commune, des 55 mosquées salafi stes d’Alger blacklistées par Mohamed Aïssa, ministre des Affaires religieuses qui promet de retirer leur autorisation d’exercice. S’ils ne critiquent pas la décision, les islamistes attribuent le laisser-aller à l’abandon du secteur. LAKHDAR BENKHELEF. Front pour la justice et le développement “ C’est l’Etat qui les a favorisés L’Etat a fait appel à ces salafi stes dans les années 90’, il a fermé les yeux en les utilisant, et maintenant il veut reprendre le contrôle. Aujourd’hui, il se réveille et décide de s’en débarrasser. C’est au ministère des Aff aires religieuses de gérer ces mosquées, c’est à lui de prendre des décisions, que ce soit sur les moyens qui laissent à désirer ou les activités. Nous savons tous que les salafi stes sont proches des hauts responsables de l’Etat et des chefs de parti, mais il est temps de les gérer. On vit tous à côté d’une mosquée salafi ste LYNDA SAAD “ Je suis sunnite, et je vis ma religion sans avoir besoin de compliquer les choses. Je soutiens donc notre gouvernement dans sa démarche de vouloir éradiquer l’extrémisme de notre société. MUSTAPHA “ Un imam bénévole est par contre quelqu’un qui s’est dévoué à cette profession : il le fait avec passion et lorsqu’il parle, il nous emporte avec lui. Donc, de loin je suis un salafiste, et je veux que l’imam de ma mosquée le soit aussi ! YOUCEF “ Je demande donc au ministre de nous donner sa définition du salafisme. Pour moi, c’est l’obédience qui suit l’exemple du Prophète. C’est une fierté de faire la prière avec un imam salafiste. IDRISS REBOUH. Front du changement “ Un danger pour notre société La profession d’imam, stratégique puisqu’elle oriente des fi dèles, manque beaucoup d’encadrement. Les instituts forment très peu d’imams, comparé au nombre de mosquées qui augmente. Du coup, des bénévoles sont souvent admis à ce poste sensible. Le courant salafi ste qui est sous infl uence saoudienne est bien entendu un danger qui infi ltre notre société et menace notre patrimoine religieux. Nous soutenons donc la démarche du ministre. En améliorant leurs conditions, l’intrus extérieur ne pourra pas les corrompre. PHOTOS : M. SALIM ADDA FELLAHI. Islamologue “ C’est Aïssa qui les a amenés là Les salafi stes ont connu une décennie d’or à l’époque où Mohamed Aïssa était le directeur central des mosquées de tout le pays. C’est lui qui délivrait les autorisations pour les imams salafi stes. Il avait besoin d’eux pour convaincre les terroristes de déposer les armes et espionner les mouvements des islamistes dans les mosquées. Mais les salafi stes ont tout de suite mis la main sur plusieurs mosquées. A qui incombe alors aujourd’hui cette responsabilité de faire tomber des mosquées entre les mains des salafi stes ? DJAMAL GHOUL. Conseil national indépendant des imams “ Des cours, mieux que la suspension Cette décision est en contradiction avec la réalité du terrain : on veut arrêter des imams sans avoir personne pour les remplacer. On sait tous que le secteur manque de budget et ne peut plus recruter. Le ministre devrait plutôt faire pression au sein du gouvernement pour que des fonds soient débloqués et que l’on puisse doter les mosquées de véritables imams, que l’on ne soit pas obligé de les laisser aux bénévoles. Ces imams salafi stes devraient plutôt bénéfi cier de cours dans les conseils scientifi ques. PHOTO : H. LYES PHOTOS : DR 6 7 jours El Watan Week-end Vendredi 26 juin 2015 PHOTO : B. SOUHIL Faten Hayed T @faten_hayed # Que pensez-vous des dernières mesures de l’Etat sur la prise de contrôle des mosquées dirigées par des salafistes ? Il était grand temps de prendre cette décision. D’abord, il faut dire que le nombre de mosquées où prêchent des imams salafi stes est beaucoup plus élevé que le chiffre déclaré par le ministre. Il y a, en effet, beaucoup de mosquées qui échappent au contrôle du ministère pour des raisons multiples. Il est à noter que le ministre n’a rien dit à propos des mosquées gérées par des imams qui n’ont rien à voir avec la religion, c’est-à-dire qui n’ont pas de diplômes dans ce domaine et qui sont quand même permanisés par le ministère, et je ne comprends pas pourquoi. Ceux-là aussi doivent être nombreux. J’ajoute que le phénomène d’infi ltration des mosquées par les soi-disant imams volontaires wahhabites remonte au début des années 1980, cela se faisait au vu et au su des autorités, pour des raisons que tout le monde connaît maintenant. # Mohamed Aïssa, le ministre des Affaires religieuses donne l’impression de vouloir changer les choses en imposant certaines mesures, mais avoue que sans formation et contrôle, ce sera difficile. Comment sortir notre pratique de l’islam de la crise spirituelle ? A mon avis, il faut de toute urgence changer radicalement les programmes de formation des imams et les programmes des facultés des sciences islamiques, pour donner la priorité à la philosophie et aux sciences humaines. Les matières religieuses et les textes religieux (Coran, Hadiths, et jurisprudence) doivent être enseignés dans leur contexte historique, forcément limité dans l’espace et le temps. Il faut relativiser le contenu de l’enseignement religieux. Je pense aussi qu’il faut intégrer le soufi sme dans ces programmes, et même dans les programmes scolaires de l’enseignement général, car le soufi sme enseigne l’amour, l’ouverture sur l’autre, l’amour et l’acceptation de la différence, ce qu’on ne retrouve pas dans le discours religieux actuel, qu’ils soit offi ciel, intégriste ou autre. Cela ouvre un grand chantier de travail de longue haleine et qui nécessite un suivi et un contrôle sans faille. # Le ministère des Affaires religieuses tente de réglementer dans certains domaines, mais se laisse emporter par les initiatives citoyennes incontrôlables comme les «plages islamiques». Pensezvous qu’il fait face à la résistance de la part des prédicateurs autoproclamés, des comités de quartier et des mosquées ? Je pense que cette histoire de «plages islamiques» n’est qu’une carte utilisée par certains clans au sein du pouvoir, afi n de gérer des équilibres politiques intérieurs. C’est une histoire qui ressemble beaucoup à celle du phénomène Hamadache. Estce qu’on peut qualifi er ces phénomènes d’«initiatives citoyennes» au vrai sens de cette expression ? Personnellement, je ne le pense pas, pour une raison très simple, c’est que le discours religieux qui se trouve être à l’origine de ces initiatives, est par essence contraire au concept même de citoyenneté. Je pense que le ministère, avant de régulariser quoi que ce soit en dehors du champ religieux SAID DJABELKHEIR. Chercheur en sciences islamiques et spécialiste du soufisme, fondateur du cercle de réflexion Moultaqa Al Anouar “ Beaucoup de mosquées échappent au contrôle du ministère qu’il gère, doit d’abord clarifi er sa vision de la citoyenneté. Et avant ça, le ministère doit répondre à la question suivante : quel type d’Etat voulons-nous ? Un Etat pour les croyants qui exclut les autres, ou un Etat pour les citoyens qui défend les libertés fondamentales de tous sans exception ? # Pourquoi une partie de la population soutient-elle Daech et ne s’en cache plus ? Inconscience, suivisme ou réelle conviction ? Les gens qui soutiennent Daech, à mon avis, ne sont pas animés par une vraie conviction, mais plutôt par une manipulation religieuse soutenue par les médias que l’on connaît et qui sont directement ou indirectement fi nancés par l’Arabie Saoudite et ses satellites. Le «daechisme» est tout à fait étranger aux traditions religieuses authentiques de l’Algérie. Je parle ici de l’islam de nos parents et grands-parents, un islam soufi et spirituel. Il est déplorable que des médias algériens fassent l’éloge de ces discours obscurantistes et leur donnent l’occasion de tromper le public qui n’est en général ni spécialiste, ni averti. Et il est encore plus déplorable que l’Etat ne fasse rien pour interdire cela. # En Algérie, nous avons opté pour le rite malékite, pas toujours souple et adaptable à notre époque. Qu’en penses-vous ? Tout à fait. Je pense que le système du fakih (juriste musulman), qu’il soit de rite malékite ou autre, est à revoir à la base, car il ne répond plus aux questions et besoins de l’homme moderne. Ce système ressemble à l’école maternelle ou primaire. Le monde a beaucoup évolué, il est arrivé au stade universitaire, mais les musulmans ne sont pas sortis de l’école primaire depuis plus de 14 siècles. Je pense qu’il est grand temps de faire une nouvelle lecture des écoles de la jurisprudence musulmane, afi n de les adapter aux grands principes et idées humanistes qui font l’unanimité du monde moderne. Nous devons aussi enseigner le soufi sme autant si ce n’est plus que ce système juridique. Il est déplorable que nos zaouïas et nos facultés de sciences islamiques enseignent la jurisprudence de l’imam Malek et n’enseignent pas le soufi sme de l’Emir Abdelkader, de Sidi Boumediène, ou encore du grand Ibn Arabi. Notre société et le monde d’aujourd’hui ont besoin de l’enseignement des grands soufi s beaucoup plus qu’ils n’ont besoin d’une jurisprudence qui n’est plus à la page du monde actuel. Je ne dis pas que nous devons jeter à la mer les livres de jurisprudence, mais j’insiste sur la nécessité d’une relecture très profonde de ces textes, à la lumière des nouvelles connaissances, afi n de les adapter à nos questions et besoins "
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DE LA THEOCRATIE A LA DEMOCRATIE
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Amis lecteurs, aujourd’hui je souhaite soumettre à votre sagacité la réflexion. J’ai appris que le chef-lieu d’une wilaya des Hauts-Plateaux algériens comptabilise sur son territoire trente-quatre mosquées ! Il n’y a pas un quartier sans sa mosquée propre. C’est que le citoyen doit pouvoir accomplir ses prières dans un lieu de culte en dehors de sa maison avec le confort optimal de ne pas avoir à marcher longtemps. Cela va à l’encontre, d’ailleurs, de l’idée qui stipule que pour chaque pas effectué, le fidèle enregistre une bonne action.
Il récolte une hassana. Dès lors que le musulman est obnubilé par la comptabilité de ces hassanât, il faut bien qu’il augmente son capital de ces bonnes actions, dût-il, pour cela, effectuer des tours supplémentaires autour de l’édifice religieux. Il devrait même opter pour un chemin retour autre que celui de l’aller.
Je ne fais rien d’autre que rappeler ce qui est enseigné du haut des chaires de ces mosquées par des imams «sérieux» et formés et formant à l’éducation religieuse. Ils insistent en ayant puisé dans des livres de jurisprudence islamique ouverts au chapitre – appelé le plus souvent portique – des règles de déplacement aux mosquées, sur le fait qu’il faut entrer par le pied droit dans la salle de prière et réserver le pied gauche aux sanitaires !
En outre, nous imaginons la polyphonie – pour ne pas dire autre chose – des haut-parleurs qui grésillent des appels à la prière et autres causeries religieuses, notamment en ce mois de Ramadhan. L’orchestration de ces logorrhées et le bruit assourdissant - il n’y a pas d’autre mot - qui les accompagne finissent par fatiguer le citoyen et l’abêtir. On pourra m’objecter que tout cela est connu et que m’y appesantir relève du pinaillage et des arguties captieuses.
Sauf que l’ennui réside dans la disproportion dans cette wilaya entre le nombre de mosquées et celui d’autres infrastructures culturelles et de loisirs. Il paraît qu’il n’y a aucune salle de cinéma opérationnelle, ni théâtre, ni opéra ni le moindre auditorium pour accueillir les grands événements musicaux. On s’arc-boute sur une religiosité aliénante et on néglige ce qui permet l’ouverture de l’esprit, éveille la conscience et flatte les sens !
La sortie de l’ornière est à ce prix. La modernité est à ce tribut et elle ne pourra advenir que lorsque la théologie aura déblayé en amont une pensée de la liberté. Aussi le progrès sera-t-il la conséquence heureuse du passage opéré du tout théocratique au tout démocratique où l’impératif absolu du respect de la conscience humaine est non négociable. Il est le préalable à toute œuvre de démocratisation, à commencer par la liberté d’esprit au niveau individuel comme une révolution opérée dans les mentalités, avant de prétendre mener celle des nations entières.
La dignité de l’homme réside dans son aptitude à répondre à l’appel transcendant en homme libre et conscient. Le libre choix politique va de pair avec le libre examen métaphysique. Comment peut-on s’imaginer un instant pouvoir contraindre par la coercition ou par la menace, croire imposer par la terreur et la violence ou même obliger par un simple regard inquisiteur, à ce qui relève en principe d’une adhésion personnelle spontanée, immédiate dans un acte libre d’un ego libre.
Le pire des méfaits serait alors un crime de lèse-conscience.
Il est affligeant de constater que la moindre critique -au sens académique- du corpus religieux ne peut être qu’impiété ! Le recours abusif à la criminalisation de l’hérésie et de l’apostasie comme une massue brisant tout argument contrariant est un scandale intolérable qu’il faut récuser avec force et condamner comme tel. Nous ne voulons plus réciter le commentaire du commentaire, en situant la dévotion dans l’abaissement de l’intelligence et dans l’imitation servile des pieux anciens. Au fond, la question n’est pas tant dans la mosquée que dans ce qui y est enseigné…
Ghaleb Bencheikh

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